
14/07/2025 par L'équipe de la résidence 0 Commentaires
Figures du soin
Approche de la résidence et retour sur la première session de repérage et d’exploration à La Louvière.
À travers cette résidence, il nous est proposé de croiser deux dynamiques profondément liées : la transformation des centres hospitaliers amenés à muter dans les prochaines années et les stratégies volontaristes de transition écologique menées par les villes de La Louvière et Denain. Au cœur de ce dispositif, l’hôpital ne nous apparaît pas comme une enceinte fermée, mais comme un point d’ancrage, un révélateur, un lieu qui engage la ville autour de lui. En retour, les mutations urbaines, écologiques, sociales, économiques, transforment l’hôpital. Elles déplacent ce que l’on en attend, ce que l’on en espère.
Cette résidence, par le dialogue qu’elle instaure, engage une médiation avec celles et ceux qui portent et vivent les transformations en cours. Elle éclaire le patrimoine bâti et vivant, par la réalisation d’un court-métrage, véritable outil de médiation à l’œuvre.
Notre réflexion s’est construite autour d’une notion clé : le soin. Déployée non pour soigner, mais pour prendre soin, prêter attention aux vivants, aux lieux, aux usages, aux récits. Cette notion transversale permet de parler à la fois d’urbanisme, d’écologie, de mémoire, d’hospitalité. Pour nous, le soin est un point d’entrée pour penser des liens entre des espaces, des échelles et des actions dans un territoire en transformation.
Comme le dit la philosophe Cynthia Fleury :
« Le care, c’est le soin ouvert, qui ne renvoie pas uniquement à la santé mais aussi à la manière dont on édifie des villes, depuis les êtres humains jusqu’au soin du vivant. »
Nous avons choisi de structurer notre travail autour de trois outils : une boucle d’observation, des entretiens avec des actrices et acteurs locaux, et la consultation d’archives. Cette méthode a été déployée pour la première fois à La Louvière, entre le 7 et le 11 juillet.
La boucle observatoire fonctionne à la fois comme un parcours physique et un outil de lecture. Elle part du Centre Hospitalier Helora – Site Jolimont, situé à la lisière du centre-ville, pour aller chercher des résonances à différentes échelles : dans des espaces en transformation, des objets post-industriels en attente et des récits oraux. Dans ces résonances se croisent l’histoire minière, celle des grands équipements, des réseaux d’eau et de fer, des paysages de la décroissance et des mutations au présent. Ce tracé permet de repérer des attitudes : des manières de réparer, de transformer, de sanctuariser, d’abandonner ou de maintenir. Il dessine un lexique du soin appliqué aux territoires.
Pour comprendre et interpréter ces attitudes, nous avons abordé, au fil des rencontres et des visites, des sujets de différentes échelles, natures et temporalités, toujours liés à la notion de soin : depuis la transformation du parc Boël et sa gestion écologique, à la reconfiguration des grandes emprises commerciales, en passant par la mémoire industrielle et sa transmission, les usages citoyens d’un terrain de basket ou les questions foncières autour du site hospitalier.
Ces rencontres, toutes enregistrées, forment une matière vivante qui vient nourrir notre lecture de la ville autant qu’elle en ouvre de nouvelles. Ce sont des récits de travail, de soin, de négociation, d’engagement, qui, chacun à leur manière, résonnent avec l’hôpital.
Le travail dans les archives de la ville a permis de mettre en lumière ce qui traverse l’histoire de ces lieux, fait de continuités, de bifurcations, de projets oubliés et d’intentions, et imprègne encore le paysage et son imaginaire.
De cette première session émerge une série d’intrigues comme autant de pistes de lecture du territoire. Elles partent de l’hôpital et elles nous aident à organiser la matière, à formuler des hypothèses, à dessiner une trame pour le film à venir. Chaque intrigue articule texte, photographie, carte, dessin, extrait d’entretien ou document d’archive. Chacune explore une facette du soin des corps, des lieux, des récits.
Ces intrigues nourrissent progressivement un lexique des attitudes du soin, à la fois cartographique et écrit, qui continuera de s’enrichir à Denain. Il s’agit d’un outil en mouvement, construit à partir des situations rencontrées, des gestes observés, des frictions entre héritage, usage et transformation.
Lieux explorés et acteur·rices rencontré·es au fil de la boucle observatoire
Centre Hospitalier Helora – Site Jolimont
François-Xavier Blanpain, chef de projet, conseiller pour le groupe Helora
Lovaria (reconversion d’une ancienne banque en tiers-lieu)
Giovanni Cirasa, responsable administratif et financier, Devllop
Stefana Baio, directrice, Devllop
L’agora (plaines sportives rénovées avec le budget participatif de La Louvière)
Byron Carlier, habitant engagé du quartier de Jolimont (collectif « Les Quatre Spots »)
Parc Boël (ancien château de la famille industrielle Boël)
Thierry Negrinotti, conseiller en biodiversité, Ville de La Louvière
Site Boch et Bocage (centre-ville en reconfiguration)
Veronica Fragomeli, conseillère en rénovation urbaine, Ville de La Louvière
Entrée Nord / Boulevard Urbain Est (reconfiguration de l’arrivée de l’autoroute Est et liaison hôpital)
Gwennaëlle Furlanetto, cheffe de division, Transition écologique, énergétique et accompagnement au changement, Ville de La Louvière
ZEC de la Grattine (schéma de planification de la zone commerciale en mutation)
Alexandra Legat, cheffe de division, Permis et planification, Ville de La Louvière
Bois-du-Luc (patrimoine industriel – site Unesco)
Chloé Pirson, directrice, Musée de la Mine et du Développement Durable (Bois-du-Luc)
Cantine des Italiens (patrimoine et histoire de l’immigration)
Catherine Berger, première directrice, HCT-Tourisme, Province du Hainaut
Archives de la ville
Thierry Delplancq, gestionnaire des archives de la ville et du CPAS
Toute l’équipe remercie Arno Baas, chargé de mission à la Ville de La Louvière, qui nous a guidés et éclairés tout au long de la semaine.
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