21/10/2025 par L'équipe de la résidence 0 Commentaires
Intrigue n°3 : La combustion
L’immersion dans l’hôpital de Denain commence dans la salle polyvalente Jean-Pierre Grignet, figure et ancien chef du service de pneumologie, qui a traité au début de sa carrière de nombreux anciens mineurs atteints de silicose. Cette maladie liée à l’inhalation de poussières minérales en suspension dans l’air a tué en France plusieurs dizaines de milliers de travailleurs depuis 1945, et a notamment été accentuée avec l’arrivée du marteau-piqueur dans les mines.
En 1828, un filon de charbon gras est découvert à la fosse Villars. Avec une meilleure concentration en carbone et potentiel de combustible, 15 fosses sont ouvertes en moins de 30 ans et la métallurgie prend son essor dans la région, dans les pas des industries du Borinage belge. En 1837, une première usine à fer appelée les Forges de Denain s’installe et les coulées de fonte commencent à teinter le ciel de leurs feux et leurs fumées. Aujourd’hui encore, partout où nous allons il y a presque toujours une affaire de combustion : coulées, cornus, charbon, cheminées, terrils. Nous héritons d’un paysage “vulcanisé”, où les fumerolles s’échappent encore du terril Renard, qui n’a pas achevé sa combustion, mais où le feu des coulées de fonte, autrefois visible de loin la nuit, à disparu. Jules Mousseron (1868-1943), poète et mineur de fond pour la compagnie des mines d’Anzin, appelait Denain “La Ville Feumière”.
Emile Zola, qui est descendu dans la fosse Renard en 1844, évoque ce paysage de la combustion dans Germinal : “Brusquement, à un coude du chemin, les feux reparurent près de lui, sans qu’il comprît davantage comment ils brûlaient si haut dans le ciel mort, pareils à des lunes fumeuses.”
Au sommet du terril Renard, la température peut toujours atteindre près de 30 degrés à quelques centimètres de profondeur. Sous la fosse Mathilde, transformée en habitation, ou sous le centre commercial du centre ville, qui était un ancien site d’extraction, on nous dit que “ça dégaze encore”, et on comprend que sous nos pieds et sous les lieux que l’on habite, la matière terrestre est toujours active et sous surveillance.
Commentaires
Laisser un commentaire